Que peut-on dire à propos du chikungunya à la Réunion?

LE CHIKUNGUNYA A LA RÉUNION.

A quand remonte la dernière épidémie de chikungunya à la Réunion?

Depuis la crise de 2005~2006, nous n'avons plus connu que quelques rares cas isolés, importés pour la plupart, mais aucune épidémie de chikungunya...

Qu'est-ce que le chikungunya?

Le chik comme on l'appelle ici (plus facile à prononcer), est une maladie due à un virus d'origine africaine (chikungunya=marcher le dos courbé), transmis par un moustique d'origine asiatique (aedes albo pictus encore appelé moustique tigre), très reconnaissable à cause de ses points blancs.

Que peut-on dire à propose de l'épidémie de chikungunya à la Réunion?

A l'époque de cette épidémie, on savait très peu de choses sur cette maladie (si ce n'est que le chik était en treizième position dans la liste des armes biologiques américaines, à ce qu'on disait, je n'ai pas vérifié), et que la plupart de ce qu'on croyait savoir sur le sujet était faux !

La Réunion a donc été un laboratoire d'études grandeur nature et a permis de faire progresser la science, tant sur le plan de la santé (sur la maladie et sur son traitement) que sur le plan de la lutte anti vectorielle.

Certains disent que toute cette histoire a été exagérée, c'est faux.
J'ai eu le chikungunya, vérifié par sérologie après la fin de l'épidémie, je connais plein de gens qui l'ont eu, je connais des personnes qui ont perdu des proches de cette maladie, dont certains jeunes et apparemment en bonne santé.

Pourtant, je ne suis pas alarmiste, sans nier la réalité, la situation a évolué.

Et si à l'époque on avait le sentiment d'un grand n'importe quoi, essentiellement parce que les données qu'on avait sur cette maladie étaient non seulement peu nombreuses mais aussi fausses pour la plupart, et qu'il y avait un manque de concertation entre les différents acteurs de la lutte anti vectorielle (démoustication à outrance avec divers produits et leurs conséquences), aujourd'hui, on sait beaucoup plus de choses pour parer à une nouvelle épidémie.
La Réunion a su tirer les leçons de cette expérience pour mettre en place une politique efficace dans ce domaine.

Qu'est-ce qu'a permis de découvrir l'épidémie de la Réunion à propos du chikungunya?

Entre autres choses ...On disait "pas de transmission in utero" mais constatation de bébé né avec le chik... On disait "traitement avec aspirine" mais constatation  de syndrome hémorragique.... On disait de "porter un bracelet anti moustique en permanence au poignet ou à la cheville",y compris sur les enfants les plus jeunes mais constatation de risques de troubles neurologiques...
Ces informations sont utiles à tous, car l'aedès albo pictus colonise peu à peu la planète, et est déjà présent dans bon nombre de départements métropolitains...

Comment se prémunir contre le chikungunya?

Il n'existe aucun vaccin à l'heure actuelle.
La clé c'est la prévention, par l'élimination de chacun des endroits pouvant devenir un gîte larvaire (eau stagnante notamment dans les gouttières, soucoupes de plantes, divers objets abandonnés, tas d'herbes ou de branchages, abreuvoirs, décharges sauvages, etc). Ensuite, c'est la mise en place d'une démoustication ciblée concertée par les services publiques dans la zone où un certain nombre de cas (on n'attend plus qu'il y en eu beaucoup) sont apparus, en déterminant la provenance (importés ou pas).
Enfin, en se protégeant des moustiques par le port de vêtements longs et clairs, l'utilisation de spirales ou de prises anti moustiques, d'huile essentielle, de spray ou crème anti moustiques.

Il faut aussi penser à consulter un médecin si les symptômes laissent penser au chikungunya, vérifier, afin de savoir si la zone doit faire l'objet d'une démoustication ou pas.

C'est une maladie temporairement invalidante certes, mais généralement vraiment dangereuse que pour les personnes les plus fragiles (personnes âgées, atteintes de maladies chroniques, lourdes, nourrissons), car outre les symptômes communs à tous (fièvre, dos courbé, éruptions cutanées, douleurs dans les membres surtout), elle attaque aussi les zones les plus fragiles de chacun...

Mon chik à moi : 

18 janvier 2006, je me réveille, et au moment de me lever, impossible de mettre mes genoux droits. Je me retrouve le dos courbé, avec de la fièvre, 39°, en pleine épidémie. Je sais qu'il n'y a pas vraiment de traitement, mais je suis les consignes pour me faire “enregistrer”. Je ne me sens pas particulièrement mal, je n'ai pas encore de douleurs, mais dans la salle d'attente du doc, on se ressemble tous, le dos courbé. Si les conséquences n'avaient pas été si graves pour certains, on aurait pu en rire...
Le diagnostic a été rapide.
Puis au fur et à mesure apparaissent les autres symptômes, 1ère éruption cutanée, style varicelle, avec des démangeaisons horribles. Puis les diarrhées (je suis fragile des intestins ...), les douleurs, les capillaires qui pètent (... et des veines) et le sentiment d'être passée sous un camion, impossible de m'effleurer la peau avec des sortes d'hématomes, 2ème éruption, style rougeole, toujours envie de s'arracher la peau. Tout cela sur 8 à 10 jours. Alors commence les vraies douleurs dans les pieds, celles où on a l'impression d'avoir tous les os brisés, impossible de poser un pied par terre, ça va ça vient. Puis, plus qu'un pied, ou l'autre, pas tout les jours, on croit que c'est fini et ça recommence, plus d'un mois durant! Parallèlement, altération du goût, je trouve tout ce que je mange sucré (et je n'aime pas le sucre), je n'ai retrouvé le goût qu'au bout de six mois... allez savoir pourquoi! Je sais que ce phénomène est arrivé à d'autres mais qui trouvaient tout amer alors qu'ils adorent le sucre.

Quelles sont les autres maladies transmises par les moustiques à la Réunion?

Dans le même style de maladie que le chikungunya, il peut y avoir à la Réunion de temps en temps des épidémies de dengue. Transmise elle aussi par le moustique tigre, elle est plus fréquente, saisonnière et se présente le plus souvent sous une forme bénigne, type grippe.
Par contre, il n'y a plus de paludisme à la Réunion depuis longtemps.
Toutes les épidémies sont suivies par l'ARS Océan Indien, qui donne des informations régulières sur l'état de l'épidémie et les secteurs les plus touchés sur son site internet.